La technique : l'apprendre pour l'oublier !

Voici, en quelques articles, quelques techniques utiles pour écrire et lire des poèmes, qu'il faut connaître afin de mieux les oublier, car, après tout, ce qui compte le plus en poésie est l'émotion créée plus que la technique qui, seule, ne peut rien de vraiment époustouflant...

Peut-on imaginer des poèmes de Baudelaire, limités à la seule technique ?

Pourtant, au travers des poèmes des divers auteurs, à travers les siècles, des techniques instinctives ou, le plus souvent, nées de la connaissance des façons de disposer une narration poétique par des poètes des temps antérieurs, permettent de mieux souligner un élément capital.

Le savoir est utile, même si, je le répète, la dissection qu'on fait opérer en classe ressemble plus à ces grenouilles qu'on ouvre pour voir battre leur cœur. Certes, nous voyons la mécanique, mais, ce faisant, nous leur ôtons la vie.

S’acharner à disséquer les poèmes et ne les expliquer qu’au travers de la seule technique, les jeux de sonorités, les mots employés de façon inhabituelle, etc., conduit à examiner un beau cadavre.

Pourtant, l’essentiel se trouve dans la particularité. Je m’explique : le poète use de mots et d’images qui ont une valeur pour lui et souvent pour lui seul. Par exemple, si, enfant, il a assisté à l’annonce d’une mort, alors qu’il mangeait un flan aux œufs, l’allusion au flan n’aura pas la même signification que s’il mangeait un flan quand son père est revenu de la guerre...

Orphée, Gustave Moreau (RMN)

L’auteur écrit et livre son œuvre, aussi modeste soit-elle, au lecteur. Dès lors, le roman ou le poème ne lui appartient plus. Ce que le lecteur va éprouver à la lecture de certains mots, de certaines images va être totalement personnel. Différent et parfois même divergent de ce que l’auteur y a mis. Ceci, sans nulle trahison.

Nos mémoires sont des caisses de résonance qui vont faire revivre des émotions au travers d’une lecture. Cependant, en dehors de nous, qui pourrait vraiment comprendre ça ? A moins de dévoiler nos passés...

Aussi, le français et la poésie vont souvent se résumer à la technique qu’il est bon de savoir. Mais comment expliquer le génie d’un poète et d’un poème, parfois sur un seul vers ? C’est qu’à ce moment-là, l’auteur des rimes a atteint ce point rare de l’universalité... ou presque.