vendredi 22 mars 2013

De la musique avant toute chose


C'est ce que conseille Verlaine dans L'art Poétique. Il préconise l'impair et se refuse à placer la rime finale au-dessus de la musique des alitérations.
Nous semblons loin de L'art poétique de Boileau, en alexandrins, avec hémistiches de six pieds.
Mais, il n'y a pas de solution miracle, pas de recette éprouvée. Il faut du vocabulaire et savoir jouer avec les mots. Il y a peu entre le poète et l'humoriste comme Raymond Devos.
Jongler avec le verbe haut, faire vibrer l'émotion, peindre des images grâce à des oxymores (sombre clarté) : tout est prétexte à toucher l'hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère., comme le clame Charles Baudelaire dans son poème d'introduction des Fleurs du Mal.

Charles Baudelaire © Mapomme & Nadar

C'est pour vous tous que sur mes doigts
La nuit je compte mes pieds

chantait Nougaro. Tous ceux qui ont commis des poèmes ont leur musique en tête qui permet de compter les syllabes, mais il faut bien passer par les doigts pour vérifier le nombre de pieds, comme un écolier besogneux sur un boulier.
La poésie n'est pas née au XIXème siècle, mais avec les premiers troubadours et trouvères dont on a perdu le nom dans la nuit des temps. Enfin, des poètes comme Clément Marot ont jeté les bases de la poésie.

Souvent, j'ai le regret de ne voir traiter que la poésie franco-française, comme si les nombreux auteurs francophones ou même non francophones qui ont écrit dans cette merveilleuse langue si propre à l'écriture et à la jonglerie poétique, n'existaient pas.

Comme si les femmes poètes ne possédaient pas le pouvoir d’inspirer des sentiments et des émotions nobles. Un peu comme les femmes peintres ou sculpteurs. On nous bassine avec la journée de la femme et on l’oublie dans nos manuels scolaires.
C’est pour ça que j’ai précédemment cité Louise Labé et Marceline Desbordes-Valmore plutôt que des poètes plus connus. J’aurais dû citer Alice de Chambrier (poétesse suisse romande morte trop tôt (21 ans) au 19ème siècle).


Alice de Chambrier


On nous vante la francophonie et que faisons-nous pour célébrer ceux qui sont venus enrichir la poésie d’expression française ?
Paris se gratte le ventre avec un air de suffisance accomplie : Montmartre et Montparnasse sont le nombril du monde, à en croire certains.
La poésie n'a pas démarré avec Victor Hugo et n'est pas morte avec Guillaume Apollinaire. Avec au beau milieu, Baudelaire, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud.
Pas plus qu’elle ne s’arrête aux frontières de l’Hexagone, pas plus qu’elle ne pisse debout contre un mur.

Aurions-nous oublié tous les poètes suisses de la Renaissance, les poètes canadiens, sans omettre les Belges (Iwan Gilkin, Emile Verhaeren) et l’Autrichien Rainer Maria Rilke ?

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